Tous les comédiens vous le diront, ce que le théâtre a d'admirable, c'est l'absence de routine. Alors vous pensez, quand un metteur en scène vous propose d'aller monter un Shakespeare sous les tropiques, de le roder en Guyane avant d'aller le présenter en Avignon, on n'hésite pas longtemps. En voiture Simone, tout le monde sous les cocotiers ! Le hic, c'est qu'en Guyane, il y a Cayenne : bagne fameux. Et nos artistes ont vite l'impression d'y être, à Cayenne, bagnards embringués sur une galère dont on ne peut s'évader, forçats dont la paie et la liberté ressemblent chaque jour un peu plus à un mirage. Et le garde-chiourme, c'est le metteur en scène, beau « tchatcheur » mauvais payeur. Et comme même des comédiens ont quelques difficultés à ne vivre que d'amour et d'eau fraîche, tout ça finit par tourner au vinaigre. On fuirait bien à la nage, s'il n'y avait les requins… Mais à Kourou, il y a des fusées, non ?